Aujourd’hui était un jour spécial… J’y avais pensé et repensé me demandant comment je pourrais marquer le coup. Trois ans. Le temps avait filé. Trois ans que j’avais ouvert mon cœur à Leah et que j’avais gagné bien plus que je n’aurais espéré. J’avais enfin consenti à lui avouer mes sentiments sur les précieux conseils de Jo’. Combien de fois m’avait-elle répété qu’une femme fond devant un « je t’aime » ou toute autre déclaration … Et une fois de plus elle avait eu raison.
C’est donc un anniversaire particulier : celui d’une relation qui avait connu ses hauts et ses bas mais qui n’avait jamais perdu en intensité et ce pour mon plus grand bonheur.

Je m’en souviens encore comme si c’était hier. La soirée qui avait suivi la remise des diplômes, à Yale. Les locaux qui avaient connu toutes nos frasques estudiantines, nos soirées de beuverie à volonté et autres idées farfelues émanant de présidents de confréries toutes aussi farfelues. La soirée d’adieu au campus et l’entrée dans une toute nouvelle vie. Une vie à deux qui plus est. Oh bien sûr il n’y avait pas eu de demande en mariage comme on en voit dans les films romantiques qu’aiment tant les filles, mais il y avait eu des roses. 11 roses rouges. Un paquet qui renfermait un collier dont j’avais réussi à savoir qu’elle l’avait repéré dans la vitrine du bijoutier de New-Haven.
Et des mots très simples pour parfaire le tout.
C’est ce jour là que j’ai compris qu’il n’y a pas de meilleure arme pour séduire une femme que la sincérité… Bien sûr, tout dépend à quelles fin on veut séduire, mais Leah… Je ne me voyais pas la traiter comme toutes mes autres conquêtes. Elle était… Celle qui pouvait m’étaler d’un simple regard et m’enfermer avec des barreaux invisibles. Ceux de l’amour. Ce « truc » qui dans mon esprit avait toujours rimé avec cage et prison et qui me faisait fuir.

C’est en pensant à quel point il avait été facile de ne plus aller voir ailleurs à partir du moment où nous avons commencé à nous considérer comme un couple.
Adrian m’aurait sûrement ri au nez me reprochant de me ramollir, mais décidément, elle prenait toute la place et j’en étais ravi. Je n’aurais jamais cru cela possible.
L’amour rend aveugle, idiot, mais à ses côtés je veux bien paraître idiot. Elle est ma lumière, c’est tout ce que j’ai besoin de savoir.

La semaine précédente, j’avais fait appel au meilleur traiteur de la ville pour qu’il fasse préparer un petit festin, rien que pour elle et moi. J’avais ensuite demandé à Jo la marche à suivre pour une soirée romantique car a vrai dire je ne m’y connaissais pas tellement en la matière. Elle avait souris puis m’avait conseillé les chandelles, une belle table qu’elle m’avait promis de m’aider à dresser. Joan.. Encore une sans laquelle je ne concevais pas la vie. Quand je pense aux soirées et aux nuits qu’on a pu passer à discuter de tout & de rien en mangeant des glaces et en buvant n’importe quoi…

Après le rendez-vous à la banque pour la société d’évènementiel que j’avais montée avec Adrian, je regagnais notre duplex sur Park Avenue pour peaufiner les derniers détails, recevoir la livraison et enfin tout installer. Jo était là, comme promis. Et puis elle m’avait quitté avec un clin d’œil complice et un sourire aux lèvres.
Le bouquet que j’avais acheté était identique à celui d’il y a trois ans. Onze roses rouges.
Il est 20h, Leah ne devrait pas tarder à rentrer. Je commence à angoisser mine de rien. Tapi dans le noir, dans le salon, fleurs à la main.
Et oui, il n’y a pas que la St Valentin pour célébrer l’amour…Et au diable les qu’en dira-t-on.
Mon cœur s’accéléra comme celui d’un adolescent à son premiers rendez-vous lorsque j’entendis les portes de l’ascenseur s’ouvrir.

J'étais pourtant sûr d'avoir reconnu le bruit de l'ascenceur, cette petite alerte qui indique que les portes se sont ouvertes et que quelqu'un va faire son apparition dans l'entrée de l'appartement. Ce quelqu'un en l'occurence c'est Léah, celle qui a prit toute la place dans mon coeur, ma reine, ma perle, celle sans qui je serais probablement resté cet adolescent insouciant, ne sachant que profiter inlassablement des dons de la nature : un compte en banque bien fourni & un physique avantageux.
Si je n'avais pas fait le grand saut, si je n'avais pas - grâce aux conseils de Jo' - joué la carte de la franchise avec elle, peut-être qu'elle serait actuellement en train de franchir le seuil d'un autre appartement pour se retrouver lovée dans les bras d'un autre et ça, je n'aurais pas pu le supporter. Jaloux ? Je préfère dire que je ...Oui bon d'accord. Je déteste voir ces hommes lui tourner autour, même si d'un autre côté je suis le premier à reconnaître que sa grâce de ballerine, son élégance et son charme peuvent faire tourner des têtes. Alors oui je suis jaloux, car je par du principe qu'on ne peut pas ne pas rester indifférent lorsque quelqu'un approche un peu trop près l'élu de son coeur. Et comme j'ai mis du temps à apprendre que la confiance n'était jamais dûe et qu'elle se méritait, qu'on pouvait la perdre et ne pas forcément la regagner, j'ai fait l'erreur de faire ce que j'avais promis de ne jamais faire : aller voir ailleurs.
Je m'en souviens comme si c'était la semaine dernière.
Une soirée mondaine suivant le lancement d'un nouveau parfum de luxe. La créatrice, une femme élégante, la quarantaine environ, mariée mais s'adonnant toujours au jeu de la séduction. Elle m'avait lancé plusieurs oeillades durant la soirée, et plus les heures passaient, les coupes de champagnes se vidant, elle avait perdu toute retenue, envolée avec la fumée de la cigarette qu'elle fumait lascivement. L'image aurait pu être attirante, sensuelle. Mais il n'y a rien de pire qu'une femme sous sa forme de séductrice acharnée, sans vergogne. Les allusions et les invitations n'avaient pas cessé et lorsque j'avais voulu lui faire comprendre que rien n'y ferait, elle avait sévi. Un baiser. Celui de la mort. Elle y mettait toute la passion presque hystérique de la diablesse qui a gagné la partie d'un jeu dont elle seule maîtrise les règles.
Et rien n'est moins simple que de savoir qui a entraîné l'autre lorsqu'on voit deux personnes en train de s'embrasser. C'est évidemment à ce moment précis que Léah était apparue dans la pièce. Il était évident que j'avais tous les tords, d'autant plus que les apparences jouaient contre moi : cette folle et moi, seuls dans une pièce, à l'écart de tous. Comment ne pas croire ce qu'on voit ?
Les jours suivants avaient été plus que maussades. Plus de traces de Leah. Je la comprenais, mais ne savais absolument pas comment lui faire comprendre que je n'avais eu aucune intention de lui faire le moindre mal.
Pendant ce labs de temps, j'avias eu l'occasion de réaliser pleinement que je n'étais rien sans elle.

Ne voyant personne arriver je suis allé voir ce qui se passait. Elle était là, assise par terre, dans cet ascenseur, dépitée, défaite, des larmes silencieuse coulant sur ses joues. Une vision à fendre le coeur.
Tant de vulnérabilité, de peine et dans son regard une incompréhension. Choquée, presque prostrée.

«Léah..»Murmurai-je en un souffle.
Puis je m'approchai d'elle, doucement, posant le bouquet à terre, un peu plus loin. Plus rien n'importait. Pourquoi était-elle dans cet état ? Je dépose un baiser sur sa tempe et l'entoure délicatement, ne sachant pas très bien quoi faire d'autre.